Poursuivons notre série d’articles sur le thème « Urbex Pripiat« . Aujourd’hui, je vous emmène visiter différents commerces de la ville de Pripyat : les magasins, les restaurants, le cinéma, etc. Au passage, je vous invite également à lire mon premier article sur le sujet. Il vous permettra de découvrir un peu l’histoire de la ville et de ses habitants ; le tout illustré par des photos de l’une des anciennes écoles maternelle de la ville.
Alors que la vie suivait son cour, l’accident nucléaire survenu en 1986 a stoppé net le développement de la ville de Pripyat ; et celui de nombreuses autres villes de la région. Désormais située dans la zone de confinement que l’on appelle la zone d’exclusion de Tchernobyl, cette ville fantôme est, et restera, contaminée pour les 300 prochaines années à venir … au minimum …
Au départ, la ville de Pripiat a été fondée en 1970 pour accueillir les travailleurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Alors dimensionnée pour accueillir plus ou moins 75 000 habitants, la ville comptait 180 bâtiments répartis en 5 districts s’étendant sur 130 000 m2. Mais si la ville est assez récente, cette dernière avait été construite sur un territoire très ancien appelé la Polesie ; littéralement «forêt terrestre». Il y a plus d’un millier d’années, ce territoire faisait partie de la Russie Kievan ; le territoire qui deviendra les états modernes que sont la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie.
Pripyat : avant la catastrophe
Grâce à quelques images d’archives, vous allez pouvoir découvrir à quoi ressemblait la ville avant la catastrophe. Alors conçue comme la ville communiste par excellence, elle disposait de toutes les commodités dont on pouvait rêver à l’époque.
Pripyat était une ville monocentrique. Ainsi, des bâtiments administratifs, tels que le Gorsovet (conseil de la ville) et Gorkom (comité de la ville du parti communiste) étaient situés dans le centre de la ville. A côté d’eux, nous avions les installations culturelles et récréatives comme le cinéma Prometheus, GPKiO (parc de loisirs de la ville) et le centre de la culture énergétique. Dans ce dernier bâtiment se trouvaient notamment le théâtre, la bibliothèque et les salles de danse. Enfin, les magasins, les supermarchés et l’hôtel Polissya ont ensuite été construits à côté d’eux.
Pripyat voulait être la ville des innovations architecturales. Ainsi, aujourd’hui encore, il est possible de retrouver, dans toute l’ex-URSS, dix-neuf centres culturels du projet énergétique et onze cinémas semblables au Prometheus.
Pripyat : après la catastrophe
Alors, à quoi ressemblent actuellement tous ces commerces construits à l’époque ? D’abord, nous irons visiter le café de Pripat. Ensuite, nous irons dans un des plus grands supermarchés de la ville. Nous ferons ensuite un détour par le cinéma. Enfin, nous terminerons notre visite avec de petites épiceries réparties dans les différents districts.
Le café Prypiat
Installé au bord d’un lac, le café Pripiat était une destination très populaire à l’époque. En fait, c’était l’endroit où tous les jeunes citadins se réunissaient pour discuter et boire sur la terrasse ronde et ensoleillée du café ; il faut savoir que la moyenne d’âge des habitants était de 26 ans. En été, de nombreux barbecues étaient organisés et les habitants de Prypiat qui prenaient également du bon temps sur de petits bateaux à voile. Par ailleurs, en hiver, le lac gelé se transformait en une immense patinoire. Enfin, ceux qui souhaitent profiter de la vue pouvaient aussi monter sur le toit du café où avait été installée une plate-forme d’observation.
En définitive, aujourd’hui, seuls restent quelques vitraux rappelant la beauté passée de ce lieu. S’il est toujours possible d’accéder à la terrasse bordant le lac, les bateaux à voiles et les nageurs ont déserté les lieux.
Le cinéma Prometheus
Le Prometheus est situé dans le nord-est de la ville, non loin de l’hôtel Polissya. La principale caractéristique du cinéma était la statue de Prométhée située sur la place juste devant. Cette statue figure le titan mythologique levant les bras vers le ciel afin de s’emparer de la puissance du feu pour le donner aux hommes. Aujourd’hui, la statue a été déplacée non loin de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Autre caractéristique, c’est un des seuls bâtiments ayant une façade décorée avec des mosaïques.
Toutefois, aujourd’hui, l’extérieur du bâtiment est plus intéressant que l’intérieur. En somme, il ne reste presque plus rien. Seuls quelques sièges sont encore là.
Le supermarché de Pripiat
Situé à côté de l’hôtel Polissia, non loin de la place Lénine, le grand supermarché de Pripyat était clairement une des fiertés de la ville. Comme je vous le disais, la ville était un modèle pour l’Union soviétique moderne. Lieu privilégié, le niveau de vie y était assez élevé. D’ailleurs, selon la petite histoire, c’était l’un des rares endroits de l’Union soviétique qui vendait du Chanel Nº 5. S’élevant sur deux étages, le supermarché de Pripyat proposait aussi bien de la nourriture que des luminaires ou des meubles.
Aujourd’hui, les enseignes indiquant les différents rayons sont toujours suspendues au plafond. Même les frigos et les caddys sont toujours là. Au fond du magasin, le rayon canapé nous permet de découvrir le style déco de l’époque.
Les épiceries et magasins de Pripyat
En plus du grand supermarché installé en plein cœur de la ville, Pripyat disposait de nombreuses épiceries de quartier et magasins spécialisés. Alimentation, téléviseurs, horloges, émetteurs radio et instruments de musique peuplaient alors ces échoppes. Par contre, très peu d’images de l’intérieur de ces bâtiments ont été prises à l’époque.
Aujourd’hui, perdus au milieu de la végétation luxuriante, ces petits magasins sont de véritables time capsules. Ainsi, si la majorités des étales et des frigos sont désormais vides, les plus gros objets comme les pianos, les télévisions, les balances ou les caisses enregistreuses sont toujours là.
Pripyat : ce qui aurait pu se passer sans la catastrophe
Pour conclure, sachez que la construction de la ville n’était pas achevée. En effet, les travaux auraient du se poursuivre jusqu’en 1988. Ainsi, un grand nombre d’installations publiques supplémentaires auraient pu être construites. D’abord, deux centres commerciaux et deux complexes sportifs. Puis le centre d’éducation et de loisirs pour enfants Pioneer’s Palace serait sorti de terre. Ensuite, un nouveau cinéma avec deux salles, le Jubilee Palace of Arts et un hôtel auraient vu le jour. Enfin, une tour de télévision de 52 mètres de haut aurait aussi du être construite.
Mais comme vous le savez, tous ces grands projets furent stoppés net en 1986 …